Légendes du Tie Guan Yin

Le Tie Guan Yin est un type de thé bleu, ou oolong. Il en existe un grand nombre de variations, mais leur point commun est un parfum puissant très caractéristique. Pour la version la plus proche du thé vert, on y sent d’abord des notes d’orchidées fraîches, mais il s’y glisse autre chose, un goût dynamique qu’on dit parfois de fer. Les feuilles sont entières, longues et le plus souvent roulé en perles. Sa production nécessite un savoir-faire important, mais son prix élevé s’explique principalement par son très grand prestige : certains Tie Guan Yin sont parmi les thés les plus chers du monde. Pour justifier ce genre de prix, une origine divine et deux légendes ne sont pas de trop.

Tie Guan Yin signifie “déesse de miséricorde en fer”, et l’histoire la plus courante lie ce thé à un temple où était honorée cette déesse. Un paysan que j’allais dire – les paysans sont souvent modestes dans les histoires, mais ne nous payons pas d’illusions, il était plus que pauvre, comme la grande majorité des paysans de l’histoire de l’humanité – passait tous les jours devant un temple en ruines. Il ne pouvait le restaurer, mais ne manquait jamais d’honorer la déesse. Un jour, pour une raison que j’ignore, la déesse voulut le récompenser de sa fidélité, et lui dit qu’il y avait derrière sa statue les graines d’un théier extraordinaire. Vous devinez la suite.

L’autre histoire est moins connue, et nous amène dans une catégorie différente de la société chinoise ancienne. Il était une fois un lettré qui découvrit un buisson de thé sous un rocher portant le nom de la déesse. L’histoire ne dit pas ce que faisait ce lettré sous un rocher, mais passons. Notre lettré ramène la plante chez lui, ses paysans en font un thé si superbe qu’il en prend un peu pour offrir à l’empereur. L’empereur daigne s’intéresser au présent, et trouve le thé à son goût. On dépêche des cavaliers pour en savoir plus sur ce thé à qui il faut un nom. Ce sera évidemment Guanyin, comme le nom du rocher.

oh, un secret !

Tie Guan Yin Xiao Zhong

oh, un secret !

tanbei

Reste une question. Qui est cette déesse de miséricorde, populaire partout dans le monde bouddhiste ? Vous la connaissez peut-être sous son nom japonais, Kannon, ou vietnamien, Quan Âm. Surtout vous l’avez sans doute déjà vue : c’est le plus souvent elle qui est représentée par les sculptures de déesses bouddhistes présentes dans les musées d’Occident. Cette boddhisatva – je vous épargne le cours de théologie bouddhiste – représente la compassion et la bonté. Comparaison n’est pas raison, mais on en fait parfois la Vierge Marie bouddhiste. Quant à la partie “en fer”, on dit généralement que c’est sa statue qui était en fer. Parfois il s’agit du bruit fait par les perles de thé, mais c’est peut-être aussi un renvoi à l’élément métal en astrologique chinoise.

La prochaine fois, promis, on parlera du thé lui-même, des degrés d’oxydation, de durées de torréfaction, du Fujian et de Taïwan. En attendant, les nôtres sont justement un Tie Guan Yin torréfié et un Tie Guan Yin produit à partir d’un nouveau cultivar.

Culture du thé, le bulletin de la maison Thé-ritoires

Nous vous proposons sur ces pages une exploration des diverses facettes du monde du thé, notamment l’agriculture, l’artisanat, l’histoire et les arts à travers des textes courts. Pour voir tous les articles, cliquez ici.