Ce thé noir et fumé ne ressemble en rien au thé vert consommé en Chine : la récolte est gâchée. Le cœur lourd, le village l’envoie quand même aux marchands, et la fortune leur sourit. Ce thé s’arrache, et il convient parfaitement aux Européens avec qui on commence à commercer de plus en plus. Si on prête l’oreille à la légende, cet accident est donc peut-être à l’origine de la préférence occidentale pour les thés noirs.
Notre Tarry Souchong, lui, vient de Taïwan : il faudra raconter une autre fois les strates pré-chinoises, chinoises, européennes et japonaises de l’histoire du thé taïwanais, mais l’importance de la production du thé fumé à Taïwan tient à la fois aux liens entre l’île et le Fujian, province d’origine du lapsang, et à la fin de la guerre civile chinoise. Contrairement au lapsang qui est fumé avec du bois, le tarry est produit grâce à la résine de pin.
Un durcissement récent des normes européennes a causé un assainissement d’une partie des thés fumés vendus en France, mais il importe de continuer à se méfier des thés fumés par arôme. Les thés fumés sont le résultat d’un vrai savoir-faire, avec une cueillette particulière, ainsi que des variétés de pins et théiers spécifiques.