Le Tarry Souchong : éléments d’histoire

La généalogie du Tarry Souchong croise plusieurs dates essentielles de l’histoire de Chine. À commencer par l’origine légendaire de son prédécesseur, le Lapsang Souchong, à la fin de la dynastie Ming : des soldats auraient été stationnés dans une fabrique de thé. Leur présence empêcha la transformation des feuilles fraîches par les villageois. Les militaires partis, on sauve le thé comme on peu : en se hâtant, on l’enfume par accident.

Ce thé noir et fumé ne ressemble en rien au thé vert consommé en Chine : la récolte est gâchée. Le cœur lourd, le village l’envoie quand même aux marchands, et la fortune leur sourit. Ce thé s’arrache, et il convient parfaitement aux Européens avec qui on commence à commercer de plus en plus. Si on prête l’oreille à la légende, cet accident est donc peut-être à l’origine de la préférence occidentale pour les thés noirs.

Notre Tarry Souchong, lui, vient de Taïwan : il faudra raconter une autre fois les strates pré-chinoises, chinoises, européennes et japonaises de l’histoire du thé taïwanais, mais l’importance de la production du thé fumé à Taïwan tient à la fois aux liens entre l’île et le Fujian, province d’origine du lapsang, et à la fin de la guerre civile chinoise. Contrairement au lapsang qui est fumé avec du bois, le tarry est produit grâce à la résine de pin.

Un durcissement récent des normes européennes a causé un assainissement d’une partie des thés fumés vendus en France, mais il importe de continuer à se méfier des thés fumés par arôme. Les thés fumés sont le résultat d’un vrai savoir-faire, avec une cueillette particulière, ainsi que des variétés de pins et théiers spécifiques.

Naturellement, le Tarry Souchong Crocodile que nous proposons s’ancre dans cette tradition. Cela se retrouve dans son nom, puisque la mention “crocodile” renvoie aux temps où les caisses dans lesquels il voyageait portaient fièrement un crocodile. Les caisses de bois ont été remplacées par des cartons, mais le crocodile y est toujours imprimé. Son origine précise est la province Hsinchu, au nord-ouest de l’île de Taïwan.

Deux points encore : malgré un goût assez fort, ce thé contient peu de théine. Il convient particulièrement bien à la cuisine, notamment aux marinades. Faites des essais, et parlez-nous du résultat !

Culture du thé, le bulletin de la maison Thé-ritoires

Nous vous proposons sur ces pages une exploration des diverses facettes du monde du thé, notamment l’agriculture, l’artisanat, l’histoire et les arts à travers des textes courts. Pour voir tous les articles, cliquez ici.